Laisse-moi répondre avec mon silence

Lourd de tant de vie

De tant de regards assurés, affolés

Silence des moments forts

Aux visions revenantes

Silence du désir sans limite

D’espoirs et de courses folles

Par les champs imaginaires

De l’ombre de ton corps

Ce monde, là

À portée du regard

Pourquoi s’éloigne-t-il de la main

Qui l’approche

Qui veut le comprendre

Qui veut partager l’espoir ?

Face à face

Personnages  surjoués

Mimiques convenues

Poignées de main pour la photo

Vente à bas prix

Dans le marché aux illusions

Les pages des livres jaunissent sous le poids de l’oubli

Pleurent un œil neuf, sans détours, sans histoire

Nouveau venu dans le marécage urbain

La main gantée poursuit son œuvre, tachée de sang

Piètre histoire qu’aucun journal n’acceptera

Sans crainte de représailles et des menaces suivies

L’eau ne coule plus, n’égaie plus le lit pierreux

La montagne est grise comme ton cœur ce soir

Je m’apprête encore une fois à fuir pour ne pas savoir

Je regarde ici et là

Ton corps et le nuage

La mer et l’ouragan

Je prends de cette couleur

Je prends de cette forme

Je touille, je touille

Je fais un pâté d’alouette

De mes propres mains

Et je dis, émerveillé :

Voilà ce que le ciel a fait

Voilà la relique et le chant

Voilà le cri du peintre

Et les mots du poète

Voilà le pas de danse

Et le cœur de l’enfant

Je mets le tout dans un bocal

Je mets une étiquette

Je signe d’un nom d’artiste

Réputé

Et je vais au marché

De bon matin

Exposer ma prouesse

S’il vous plait, ne touchez pas

Seulement le regard

Vers le soir

Lorsque le sourire s’estompe

Lorsque la lumière fléchit

Lorsque ma belle voisine s’en ira

Si vous le voulez bien

Selon votre bon cœur

Déposez un baiser

Du bout de vos doigts

Sur la paume de ma main