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Robert compte, décompte, soustrait additionne
Robert aligne, brise les rangs, calcule, efface
Robert n’est pas poète
Il est obstacle,
Chronologue, chronométreur, arpenteur
Partie essentielle du Cosmos
Dont il mesure à chaque instant la régularité
Robert est mort en fuite
De lui-même
Des nuages, des orages, des corbeaux
Des paroles prononcées à bon escient
Haranguant les foules silencieuses et insouciantes
Poursuivant leur chemin d’un pas sans retour vers la gueule du volcan
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Des mots se font rares
Peu nombreux
Maltraités
Par nos langues vieillies
Paresseuses
Fatiguées
Sorties peu à peu du réel
Encerclées
Par la glue quotidienne
Pas d’enfant, pas d’oiseau
Pas de d’ange protecteur
Pour démêler les lianes
Quasi momie échangerait
Regards perdus
Contre mots retrouvés
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Chemin
Sombre
Nuit
De lune
Perdue
Cependant
La ville
Brille
De ses mensonges
Lumières de feu
Un murmure
Dit sa possibilité
Lendemain
Au delà des certitudes
La vie bourgeonne
Vierge de tout souvenir
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La voie est libre, chantes-tu
Que faire alors de toi-même ?
Où poser cet encombrant fardeau
Qui tord de ses caprices
Ton humble chemin?
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Mais qu’est-ce qu’ils ont tous, qu’est-ce que j’ai moi aussi à prétendre chercher quelque chose de neuf, d’important en regardant comme eux ma propre image dans la vitre sale d’un café-tabac, dans une ruelle parisienne que même les chiens perdus ne fréquentent pas ?
C’est dur de mettre le monde en phase avec nos propres vibrations. Lissez ce péteux prétentieux de B. qui nomme les immeubles newyorkais par leur nom de code local, pour faire membre de la tribu de la Grande Pomme. Tout ça parce qu’il a gagné un voyage gratuit à Newé, qu’il a couché avec une call-girl soule croisée dans une rue parallèle et acheté un Token dont il ne s’est jamais servi pour pouvoir le montrer à Paris à son retour.
Mais voilà que je commence mon histoire comme lui, sans rien dévoiler des intentions que je n’ai d’ailleurs pas ni même prétendre qu’avec tout ce bla-bla-bla j’ai une chance d’arriver quelque part. Je suis bon pour un prix de concours, à défaut de faire de la littérature.
J’ai du mal.
Il faut dire que je navigue en ce moment à presque un siècle en arrière, cherchant les traces qui ont marqué un petit monde d’avant ma naissance et dont les brisures, accrochées à des vêtements mal lavés, se sont faufilé dans ma peau, peut être ont-elles même formé une petite colonie dans mon cerveau et guident mes pas à contrecourant de mes désirs et me conduisent droit dans les murs que je me suis toujours promis d’éviter.
Je devrais me concentrer sur une vie à train-train ; une vie meublée de petites choses quotidiennes qui prennent un temps fou et vous fatiguent, ce qui garantit de remplir toutes les heures de la journée puis de dormir un bon nombre d’heures de la nuit sans le moindre remords.
Un peu comme un chat. Un vieux chat bien rond, se déplaçant lentement, avec majesté diront certains, depuis l’assiette de sa pâtée jusqu’à sa litière où il peut pisser tout son soul sans que personne ne se pose des questions.
Puis, négligeant la séance de nettoyage à la langue, qui me ferait horreur si j’étais vraiment un chat, m’allonger sur le haut d’un radiateur pour ignorer le monde, parfois en dormant, parfois en lui disant merde mais avec les yeux fermés, comme si…
Je serais un chat châtré, déroubignolé, ce qui réglerait de façon définitive et efficace la recherche, devenue inutile, de petites copines pas farouches.
Vu l’heure, il faut que je revienne sur la terre ferme et reprenne ma forme de bipède et les angoisses qui vont avec, surtout lorsqu’on tourne autour du pot qu’on a promis de ne pas faire tomber.
Moi aussi, j’ai été à Newé dans le temps, pour remplir quelques jours de solitude d’images volées dans les tableaux des musées. Et constater que, coté peinture, je ne faisais pas non plus le poids. Constater une fois encore qu’un tas de gens, là comme ailleurs, s’en foutaient comme de leur première culotte, ignoraient même de la façon la plus absolue la notion d’angoisse existentielle et vivaient au jour le jour, même à la minute la minute parfaitement heureux, sans même savoir qu’ils ne passeraient pas à l’histoire. Mais, contre toute attente, ils étaient bien vivants et même, c’est dur de le reconnaître, bien plus vivants que moi.
Et c’est ça ton histoire ?
Yes, Monseigneur. C’est une fois que je me la suis raconté, sans tergiverser, sans omettre le moindre chapitre, que j’ai décidé de ne plus quitter Paris, de ne plus quitter ce pont, de ne plus songer aux étoiles qui me tendraient la main, et aussi, je sais que tu vas le dire, alors je le dis avant toi, de ne pas me priver de boire tout liquide alcoolisé qui me tomberait dans les mains, quelle que soit sa provenance.
Et tu sais quoi ? Pour la première fois de ma vie, je ne pleure pas lorsqu’un pseudo ami ou un pseudo sauveur me rappelle que je ne risque pas de rencontrer dieu ni de voir mon nom gravé dans un quelconque Arc de Triomphe. Pas même dans le tronc d’un arbre à paroles.
Gros avantage : comme je n’attends rien je n’ai rien à regretter. Voilà toute l’histoire, tu peux rentrer chez toi et oublier le tout dans la seconde qui suit : Je ne t’en voudrai pas.
Je vais essayer de vivre, moi aussi, une vie vide mais vrai.
Si j’arrive.
© Jorge Castro
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