• Quel est ton projet ?

    Dit-elle

    Ça dépend

    De l'heure, du soleil

    Du vent

    De la bouche qui questionne

    De la tête

    Que je voudrais prendre dans mes bras

    Mais maintenant ?

    Insistait-elle

    Quel est ton projet ?

    Regarde-moi dans les yeux

    Viens plus près de moi

    Je te retourne la question

    Là, maintenant, tu ne devines rien ?

     


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  • Je te vois

    Je te vois lorsque tu viens par le chemin étroit, de l’autre côté de la route

    Je te vois lorsque tu fuies par la petite fenêtre de la cour

    Je te vois lorsque tu entres en souriant dans ta forêt de papier

    Je te vois quand tu quittes mon lit en silence

    Quand tu laisses la porte entr’ouverte pour faire taire la serrure

    Je te vois tout le temps, où que tu sois, où que tu te caches, qui que tu sois

     

    Non, tu te trompes

    Je suis invisible, je suis un menteur, un mystificateur

    Tu ne vois que ton mirage

    Et les autres ne voient que le mirage qui porte le nom que tu m’as donné une nuit sans lumière

    Je sais que face au miroir je ne suis qu’une énigme, un inconnu de passage

    La mer, ma mer n’est plus qu’un peu d’eau que je porte dans un flacon de parfum volé quelque part

    La fontaine du village n’a jamais existé

    Seuls les mots enfoncés dans la terre rouge ont un peu de vérité

    Un peu seulement

    Car, eux aussi, je les ai travestit avec la sueur de mon ombre

     

    Alors, comment  devrais-je m’habiller pour aller sur ta tombe ?

    Dans quel cimetière, dans quel récif éloigné auront été versées tes cendres ?

    Quel jour de l’année sera ton jour des morts ?

     

    Ce sera un jour comme un autre

    Un jour chaque fois différent

    Ce sera un nuage qui coupe un instant le soleil

    Un brasillement de lune en été

    Mais il n’y aura pas de lieu prescrit

    Il n’y aura pas de marque, de trace, de stèle souvenir

    Tu devras chaque fois, si tu le veux encore

    A ton tour tout inventer, mentir aux autres et à toi-même

    Alors, peut-être, peut-être.

     


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  • Grande Dame et Petit Monsieur

    Main dans la main

    Chaque matin

    Passent la grande porte

    Traversent le pont

    S’éloignent lentement

    La vie de la nuit s’efface

    Chacun maintenant seul

    Va de son pas indécis

    Vers la moitié triste de son destin

     


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  • Pose ta main à plat sur le drap

    Ne rêve pas

    Comment  te voient-ils depuis leur distance ?

    Comment  te pensent-ils ?

    Voudrais-tu leur dire quelque chose maintenant,

    Abolissant de ta parole tout éloignement ?

    Vous êtes maintenant un seul

    Vous vous parlez en silence

    Dans la langue sans bruit

    Langue de paroles plates

    L’instant est à jamais figé

    Posé doucement dans la grande boite en carton

    Où dorment d’autres fractions de vie ancienne

    Détachées de ton corps d’autres nuits d’insomnie

    Et l’être solitaire repart à la recherche de son image

    Insaisissable, vaporeuse, voilée

     


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  • Lever du rideau

    Trop tard

    Pour s’évader

    Trop tard

    Pour changer de sujet

    Qui sait, qui sait

    Parole de l’aurore

    Promesse d’ivrogne ?

    Se laisser porter

    Ouvrir lentement les yeux

    Accepter la lumière

    Crue

    Et les questions et les rires

    Prendre ce qui viendra

    Comme du bon pain

    Et recommencer le lendemain

     


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