-
A quelquun dont jai oublié le nom
Non, je ne dirai rien pour un si futile motif
Je n’irai pas jusqu’au bout de l’allée
Pas plus que de bredouiller une mécréante prière
Qu’importe, le soleil brille
C’est beau d’être ignorant. Grand, éloigné et ignorant
Des petitesses humaines
Des larmes qui coulent à très mauvais escient
Des mots forgés pour une autre occasion, lancés au vent qui ne leur convient pas
Je garderai le silence
Ne me cacherai pas à l’ombre d’un grand frère
Innocent de mes fredaines
Et de mes fréquentations
Et des tours et détours de mon histoire
Pourtant, cet ami si proche et si lointain
Cet inconnu croisé chaque matin
Ouvrait en grand portes et fenêtres
Et le portail de son jardin
Couvert de mauvaises herbes
Fières d’être enfin utiles à un ancien poète
Tombé dans l’oubli de nous tous, ses contemporains
Nous, les ingrats
Les buveurs de sang frais, le dos tourné
Nous, qui portons sur nos épaules, en silence, son cercueil transparent
Lourd de vérités et vide de corps
L’oubli ayant gardé jusqu’à son ombre
L’oubli que nous avons forgé chaque matin pluvieux
Chaque nuit de beuveries
Autour d’un feu éteint par les crachats
Je ne lâcherai pas la dernière poignée de terre
Qui ferai de moi un être convenable pour la circonstance
Je rentrerai pleurer dans mon cachot
Où plus personne n’osera vérifier l’état de mes paroles
Tombées à terre en même temps que son rire
Car il riait, de tout, de chaque mauvaise manière
Jusqu’à la date de sa mort
Marquée dans le sable d’une main inconnue, charitable
Car mêmes ses pires ennemis sont partis en silence
Sans comprendre qu’il ne laissait en partage
Que son mépris
-
Commentaires