• Fantômas

     

    J’ai vu la porte s’entrouvrir lentement, puis s’arrêter. Qui est là ? Ce n’est pas original comme question, mais elle a le mérite d’être claire.

    Pas de réponse. Pas de lettre dans la boite.  Pas de papier avec un texte forme de découpes de journaux sur le paillasson de l’entrée. Rien.

    Ma jolie voisine d’en face m’avait bien parlé d’un mystérieux visiteur qui ouvrait les portes sans entrer et ne semblait pas voler quoi que ce soit. Mais jusqu’à ce jour, je n’avais pas eu droit à la chose. Ou je n’avais pas fait attention.

    Je n’allais pas alerter la police pour si peu. Je crains d’ailleurs qu’ils ne me prennent pour un allumé et que au lieu de poser une main courante ils ne promettent de me poser  une camisole.

     

    J’ai choisi la douceur. J’ai écrit un joli texte, sur un bristol de qualité, adressé à mon « visiteur de l’ombre » en l’invitant à se manifester plus ouvertement et éventuellement à venir prendre un pastis ou un café, selon ses goûts. Une belle punaise dorée et sur le milieu de ma porte.

    Toujours rien.

    Mais il était revenu. Bon lecteur de polards, j’avais fixé un fil presque invisible et fragile sur la porte et sur le jambage. Le lendemain il était casé. J’ai recommencé. Casé. Et encore et encore. Je n’ai ni chien ni chat, donc, c’était lui.

     

    Réunion au sommet avec la voisine. Une sorte de conseil de guerre pour ainsi dire. Et nous avons décidé de passer nos nuits alternativement à nos fenêtres. Chacun observait sa porte et celle de l’autre et si jamais il venait, hop ! La main au collet et à table !

    Deux semaines. C’est le temps qu’ont duré nos forces. Franchement, passer des nuits en éveil chacun de son coté pour ça ! Et le plus dur était de constater chaque matin que lorsque fatigués nous finissions par nous endormir dans nos observatoires, il venait, entrouvrait la porte et s’en allait. Comme avant.

     

    Avec ça, chaque jour moins envisageable d’aller voir les flics. Une histoire pareille et c’était la camisole d’avant plus les menottes.

    On a tout tenté. Le sandwich baguette, le riz au lait en bol protégé, le cahier de notes à fleurs avec stylo fourni, l’adresse de mon psy et celui du dentiste de ma voisine, tout, quoi.  Toujours sans résultat.

     

    Nous avons eu une deuxième réunion au sommet, ma jolie voisine et moi. Et nous avons décidé d’une nouvelle stratégie. Les semaines paires, elle viendrait dormir chez moi et les semaines impaires j’irai dormir chez elle. Au début, on s’est fait des sandwiches pour nous. Puis du riz au lait. Puis une bouteille de champagne. Et un peu de musique, car les nuits sont longues, à surveiller la porte qui va s’ouvrir sans laisser passer le petit oiseau.

    Un matin, en nous levant, nous nous sommes aperçus que la porte n’était pas ouverte et que le fil était intact. Pourtant, nous avons été longtemps éveillés. On a dansé longtemps. Et les deux bouteilles de champagne étaient vides. Mais il n’est pas venu.

    Peut être qu’il a regardé par la fenêtre et a eu peur en voyant nos vêtements par terre un peu partout. Ou alors on a ri si fort, d’un rire nerveux, qu’il n’a pas osé entrer.

    En tout cas, depuis, plus de Fantômas  à nos portes, mais qu’est-ce qu’on s’aime, nuit après nuit, ma voisine et moi.

    Parfaitement.

    Finalement, c’est elle qui m’a passé la camisole, mais moi je lui ai mis les menottes.

    Et ce n’est pas plus mal !

     

    ©Jorcas

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Dimanche 11 Octobre 2009 à 08:03
    Possibilité
    De publié tes écrits (pas mal du tout) sur LULU.COM. Pense-y... Car si tu attends après les éditeurs, tu as le temps d'attendre! Je parle en connaissance de cause!!! Bonne continuation, je te mets dans mes favorits, ça me plait ce que tu fais, kiss!
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