• Frère Ludo. 1

     

    J’ai en tête les mots acidulés du poète

    Moi qui ai tant couru des mers

    Tant parcouru d’iles

    Je n’ai jamais mis les pieds dans celle de tes ancêtres,

    Pourtant mon grand frère est mort et enterré juste à côté

    Mon grand frère vieux de dix-huit jours pour l’éternité

    Parti en éclaireur me faire une place au milieu des cannes à sucre

    Et des arbres secs de soif et de misère

    Revient encore le poète avec son chant lancinant

    Avec ses arbres qui n’ont d’autre vert que ses paroles

    Que ses promesses qui ne seront jamais tenues

    Ni gravées dans le marbre, pas même dans le moelleux des nuages

    Je ne sais pas si je dois sortir ma tête du sable

    Si je dois ouvrir les yeux et me mettre à regarder autour

    Si je dois me mettre à sentir les odeurs du chaud

    Au fond de moi, je me dis que je suis maintenant presque là-bas

    Maintenant que mes souvenirs marchent le long de l’Ozama

    À l’autre bout de l’ile, sœur siamoise n’en déplaise aux chiens

    Mais ça c’est déjà une autre histoire pour un public encore absent

    Au fond, qui pourrait lire en silence ces mots à la sonorité de crécelle

    Et ne pas jeter au loin chaque page arrachée d’un livre de contes

    Pour vieux enfants perdus pour la gloire et le labeur quotidien

    Qui laisse le sol couvert de la même écume que l’escargot condamné

    Faute de nouvelle voix pour conjurer son impuissance

     


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