• Il n’y a pas de fatalité.

     

    Je sais que parfois tout s’enchaîne, les histoires de pente sur laquelle on glisse. Mais ça ne me suffit pas, je ne suis pas convaincu que cela vienne tout seul.

    Il n’y a pas plus d’enchainement dans le bonheur que dans le malheur.

     

    Alors quoi, tu nous joues le mécréant ?

     

    Eh bien, je n’ai pas la réponse facile et ce n’est pas le lieu pour faire de la réflexion prétendument philosophique. J’ai tellement de doutes que je doute de mon doute. C’est la sardine qui se mord la queue, j’en conviens, mais c’est une réalité. D’ailleurs, elle est très partagée car a lire comme je le fais tout ce qui s’imprime et s’exprime, on n’est pas plus avancé.

    Les gens se contredisent les uns les autres, ce qui est normal, autrement ce serait le silence des cimetières. Si on les suit un peu de temps, ils se contredisent eux-mêmes. Ils ont beau expliquer, donner des raisons, souvent irraisonnées, c’est quand même le contraire de ce qu’ils avaient dit avant. Et avec quel talent et quelle force !

    Vous prenez une logique de syllogisme rigoureux. C’est bon, il n’y a qu’une bonne réponse. Puis un petit changement dans l’ordre des mots qui ne change pas grand chose dans la vie ordinaire de vous et moi et le tour est joué. Ce qui était imparable hier tombe dans l’eau aujourd’hui.

     

    Mais ça ne vaut pas ! Tu parles de réflexion élaborée et tu sautes à la vie de toi et moi. Quel rapport ?

     

    Justement, je voudrais qu’il y ait un rapport. A quoi ça me servirai de me triturer les méninges si je ne comprends pas pourquoi le pain coute plus cher aujourd’hui qu’hier ? Et ta petite voisine, qui t’aimait tant, elle a été faire du vélo avec  le bellâtre du cinquième. Elle t’avait bien dit qu’elle aimait les hommes fins et intellectuels comme nous. Et puis ? Tu comprends le changement ? T’as une explication logique ?

     

    Ca n’a rien à voir avec la logique. On s’aimait, on ne s’aime plus, c’est tout. Elle va voir ailleurs, c’est la vie.

     

    Pourquoi elle t’aimait hier et pas aujourd’hui ? D’accord, tu es un jour plus vieux, mais pas plus con. Ni plus intelligent. Tu t’habilles toujours à la mode du siècle dernier et t’as des bouquins plein ta chambre et des boutons plein la figure. Comme hier et avant hier. C’est bien ce que je dis, il n’y a pas de logique, donc pas de fatalité. Et toutes les explications qui prouvent qu’A plus B égal C sont fausses dès qu’on les sort du livre de maths. La vie c’est autre chose.

     

    Ca veut dire aussi que tout ce que tu me racontes est bidon, car c’est ma vie, mais tes élucubrations, donc, ça ne fonctionne pas ensemble.

     

    Oui et non. Enfin, peut être. Ce qui est important c’est que tu comprennes qu’il n’y a pas de fatalité et que la logique A plus B ne marche pas.

    Au fait, je voulais aussi te dire, le bellâtre du cinquième s’est trompé de route hier et ta jolie voisine l’a attendu pour rien. Un lapin involontaire, mais un lapin. Comme je passais par là en voiture, j’ai proposé de l’accompagner chez elle pour y laisser le vélo puis aller faire un tour.

    On a été chez elle et il s’est mis à pleuvoir, tu ne peux pas t’imaginer. Ce n’est pas idéal pour faire un tour, alors, on est resté à couvert.

    Demain matin on part ensemble au Touquet passer une petite semaine ensemble. Faire des ballades sur la plage.

     

    Je m’en fous, tu peux la garder sans me donner des raisons tarabiscotées. Le bellâtre du cinquième, comme tu dis, s’appelle Jeannot et hier  il ne s’est pas perdu : On était ensemble. Voilà, tu sais tout. Nous la semaine prochaine on s’en va sur la Côte d’Azur, Jeannot est bien plus beau lorsqu’il est bronzé et il paraît que le soleil c’est bon pour mes boutons.

     

    © Jorcas

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :