• La marionnette

     

    La marionnette à ses moments perdus se rêvait  sur scène dans le petit théâtre qu’elle voyait de sa fenêtre, là-bas dans le square.

    « Vraiment c’est bien plus intéressant,  plus amusant  que d’être ici clouée au mur, juste bonne à casser la monotonie de la paroi. »

    Alors, ni une ni deux elle tira de ses fils fort, fort, aussi fort qu’elle pouvait, pour arracher le clou puis sauta du mur sur le buffet, du buffet sur la table, de la table sur le sol.

    Et trainant ses cordelettes et le clou resté attaché, partit en courant d’une course de marionnette vers le jardin publique où l’attendrait certainement son public.

     

    Elle arriva juste avant la fermeture, à temps pour entendre des applaudissements. Quelle musique merveilleuse !

    Elle entra par la petite porte sur le coté. Une main la prit par la taille.

     

    « Tiens, elle est nouvelle, celle là. Probablement pour la pièce de dimanche matin. »

     

    Et la main la posa doucement assisse sur une planche, côte à côte avec un beau monsieur à barbe et à moustache et une vieille sorcière qui se trainait de l’autre coté et la regardait de travers.

    La pièce de dimanche ! Capable d’improviser, elle l’était, sans doute, mais pour une première, c’était tout de même un pari risqué.

     

    «  Alors, c’est vous qui ferez la mijaurée, dimanche ? « 

    Lui demanda la sorcière 

     

    Mijaurée ? Pour qui elle se prend cette échappée du mussée des horreurs ?

     

    «  Vous êtes peut être la principale héroïne de la pièce, avec votre tête ? »

     

    « Bien sûr ! C’est bien moi la garante du travail de l’auteur !  Vous, l’auteur ne vous a mis là que pour faire valoir son point de vue. »

     

    Pas si différent de son ancien mur. Collée par une autre sorte de clou, mais clou tout de même !

    Mais si elle avait eu la force de s’arracher à son premier destin décoratif, pourquoi ne pas continuer sur son propre chemin ?

    Les yeux fermés pour concentrer toute son énergie, elle souhaita que les fils qui trainaient encore deviennent des ailes. Des petites ailes superposées, comme celles des libellules  qu’elle avait vu, l’été, tourner près de la mare du jardin.

    Elle serra les dents, se concentra, un seul vœux mais profond. Et alors, elle se mit à voleter. Son corps devint tout bleu, d’un bleu doux.

    Et d’un seul coup de ses anciennes cordelettes, elle s’élança …..vers la mare d’eau du jardin.

    Un souffle de vent du nord en fit une belle petite libellule en ciment  posée sur le chapeau du nain de jardin.

     

    © Jorcas

     

     


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