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La Statue 9/ 10
Il faisait à peine jour, le lendemain, lorsqu'il a commencé à raconter à la Statue sa journée passée, tout en massant doucement le dos de granit encore froid.
Ils étaient réellement seuls. Sa solitude, il pouvait la toucher de ses doigts, sentir son odeur. Sa compagne silencieuse l'aidait à faire la différence entre seul et perdu.
Il a posé ses mains sur sa taille pour réciter très bas, pour elle seule:
« Jamais renoncer au rêve
Jamais renier ce qui n'est pas
Jamais espérer une trêve
Jamais craindre la douleur des pas
Aller toujours l'espoir en bannière
Aller encore, au défi des ans
Aller encore vers son être total
Aller toujours vers son soleil lointain »
Non, il n'était pas perdu.
Etait-ce réellement un choix, regarder en arrière ou en avant? S'agit-il plutôt d'un trait personnel qui vous fait privilégier l'une de ces attitudes plutôt que l'autre. Peut être aussi, fuir l'une plutôt que l'autre. Se réfugier dans les vieilles certitudes où, au contraire, courir vers le Mirage incertain d'autre chose, du différent.
Et cela vous donne une manière particulière de voir l'autre coté du versant.
Regarder le passé avec les yeux rivés sur le futur ne peut que le déconsidérer, l'éloigner et réduire sa signification à des événements conduisant à aujourd'hui, sans autre valeur d'apport.
Penser l'avenir avec le corps accroché au passé, aux souvenirs, ne peut paraître que périlleux, mauvais par ce qu'il comportera nécessairement d'amputation de vieilles réalités, d'absence de pratiques bien rodées, de changements de comportements, de relations.
Le présent, selon l'un où l'autre de ces regards, est la dernière étape d'une chute où le départ de la vraie réalisation de soi. C'est la somme des choses déjà perdues ou la joie des prémices d'une aventure.
Lui voudrait garder le souvenir attendri du passé, sa charge d'expériences et de savoirs, et le cœur plein de la joie de courir à l'aventure.
Croire qu'en allant de l'avant il pourrait toujours trouver un chemin plus doux, des fleurs plus belles, un air plus chaud.
C'est son approche. Non vérité, mais simplement choix. Rien que cela: un choix individuel.
Vérité est le terme le plus trompeur possible. Ses variantes ne sont que formes d'apaiser le doute, l'angoisse du doute.
Vérité circonstancielle, provisoire, vue globale ne voyant que des traits assez gros pour ne pas être décontenancé par les contradictions sans fin de la réalité dans le détail, contradictions masquées par la grossièreté du trait
Vérité révélée, toujours humainement incroyable, indémontrable, irrationnelle, s'imposant par la force ou par la crainte.
La seule vérité crédible est individuelle et elle s'écrit au passé. Elle est ce que chacun construit jour après jour, pas après pas, par ses choix de vie, actifs et passifs. Par ses actions, ses amours, ses oublis. Par son courage et sa lâcheté.
Mais c'est avec les deux outils équivoques, vérité provisoire et croyance sans fondement, que chacun navigue dans la vie, s'appuyant tantôt sur l'un tantôt sur l'autre, pour comprendre les obstacles ou pour supporter les injustices et les mauvais coups du sort.
Le passé et le futur deviennent tantôt l'une tantôt l'autre de ces deux formes à moins d'accepter de côtoyer le vide, le doute, le non solvable. Et d'avoir l'angoisse comme compagne de tous les jours.
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© Jorcas
Il faisait à peine jour, le lendemain, lorsqu’il a commencé à raconter à la Statue sa journée passée, tout en massant doucement le dos de granit encore froid.
Ils étaient réellement seuls. Sa solitude, il pouvait la toucher de ses doigts, sentir son odeur. Sa compagne silencieuse l’aidait à faire la différence entre seul et perdu.
Il a posé ses mains sur sa taille pour réciter très bas, pour elle seule:
« Jamais renoncer au rêve
Jamais renier ce qui n’est pas
Jamais espérer une trêve
Jamais craindre la douleur des pas
Aller toujours l’espoir en bannière
Aller encore, au défi des ans
Aller encore vers son être total
Aller toujours vers son soleil lointain »
Non, il n’était pas perdu.
Etait-ce réellement un choix, regarder en arrière ou en avant? S’agit-il plutôt d’un trait personnel qui vous fait privilégier l’une de ces attitudes plutôt que l’autre. Peut être aussi, fuir l’une plutôt que l’autre. Se réfugier dans les vieilles certitudes où, au contraire, courir vers le Mirage incertain d’autre chose, du différent.
Et cela vous donne une manière particulière de voir l’autre coté du versant.
Regarder le passé avec les yeux rivés sur le futur ne peut que le déconsidérer, l’éloigner et réduire sa signification à des événements conduisant à aujourd’hui, sans autre valeur d’apport.
Penser l’avenir avec le corps accroché au passé, aux souvenirs, ne peut paraître que périlleux, mauvais par ce qu’il comportera nécessairement d’amputation de vieilles réalités, d’absence de pratiques bien rodées, de changements de comportements, de relations.
Le présent, selon l’un où l’autre de ces regards, est la dernière étape d’une chute où le départ de la vraie réalisation de soi. C’est la somme des choses déjà perdues ou la joie des prémices d’une aventure.
Lui voudrait garder le souvenir attendri du passé, sa charge d’expériences et de savoirs, et le cœur plein de la joie de courir à l’aventure.
Croire qu’en allant de l’avant il pourrait toujours trouver un chemin plus doux, des fleurs plus belles, un air plus chaud.
C’est son approche. Non vérité, mais simplement choix. Rien que cela: un choix individuel.
Vérité est le terme le plus trompeur possible. Ses variantes ne sont que formes d’apaiser le doute, l’angoisse du doute.
Vérité circonstancielle, provisoire, vue globale ne voyant que des traits assez gros pour ne pas être décontenancé par les contradictions sans fin de la réalité dans le détail, contradictions masquées par la grossièreté du trait
Vérité révélée, toujours humainement incroyable, indémontrable, irrationnelle, s’imposant par la force ou par la crainte.
La seule vérité crédible est individuelle et elle s’écrit au passé. Elle est ce que chacun construit jour après jour, pas après pas, par ses choix de vie, actifs et passifs. Par ses actions, ses amours, ses oublis. Par son courage et sa lâcheté.
Mais c’est avec les deux outils équivoques, vérité provisoire et croyance sans fondement, que chacun navigue dans la vie, s’appuyant tantôt sur l’un tantôt sur l’autre, pour comprendre les obstacles ou pour supporter les injustices et les mauvais coups du sort.
Le passé et le futur deviennent tantôt l’une tantôt l’autre de ces deux formes à moins d’accepter de côtoyer le vide, le doute, le non solvable. Et d’avoir l’angoisse comme compagne de tous les jours.
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© Jorcas
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