• Le gros chien

     

    L’oiseau s’est envolé !

    Juste au moment où j’avais enfin réglé mon objectif et cadré correctement l’endroit où il se posait d’habitude.

    La photo d’animaux, ce n’est pas mon truc. Je me débrouillais mieux avec  les cathédrales et les églises romaines, qui n’ont pas la mauvaise habitude de bouger tout le temps.

    Mais ce n’est pas non plus ma passion.

    Je m’étais mis à la photo au bout de quelques mois de retraite, lorsque j’ai enfin admis que je ne pouvais pas passer mon temps enfermé à lire les bouquins que j’avais acheté en prévision de la retraite, justement.

     

    Avant, j’avais eu une vie professionnelle bien réglée, et maitrisant bien mon métier, je n’avais jamais eu à me poser la question : et maintenant, qu’est-ce que je fais ? Le patron de la boite m’aimait bien, du moins il aimait mon travail et le chef d’atelier, qui était assez nul au boulot prenait un grand plaisir à me trouver toute sorte de travaux à faire dès mon arrivée jusqu’à l’heure du départ. Et même quelques jours au-delà.

    Mais on faisait une bonne équipe : Lui n’aimait pas travailler, mais adorait me donner du travail et moi j’aimais bien faire mon travail pourvu qu’on ne m’emmerde pas pendant et, surtout, que je n’ai pas à chercher quoi faire. On me donne une commande à exécuter, je fais et je passe à la suivante, point final.

     

    C’était pareil à la maison. Ma femme partait avant moi le matin et me laissait deux listes, une avec les courses à faire avant de rentrer, l’autre avec les choses à faire une fois rentré pour que la maison soit bien tenue et le diner en route lorsqu’elle rentrerait, toujours bien après moi. C’était comme avec mon chef d’atelier, je n’avais qu’à bien faire attention à ce qu’il fallait acheter chaque jour et ça me donnait le temps de bavarder avec les commerçants des choses du quartier, de leur boulot, de la vie, quoi !

     

    Quelques mois avant mon anniversaire, mon patron m’a convoqué dans son bureau pour me dire : Mon bon, vous avez fait votre temps ! A la date de votre prochain anniversaire, c’est la quille ! J’ai engagé un petit jeune qui commencera lundi avec vous, comme-ça vous allez me le former avant de partir et après, pour vous, la belle vie !

     

    Ça ne m’a rien fait sur le moment.

    Rentré à la maison avec les courses, j’ai trouvé un mot de ma femme qui me souhaitait un bon anniversaire à l’avance. « Je te le souhaite maintenant parce que après je ne serais plus là. De penser que tu vas prendre ta retraite et que je t’aurais tout le temps sur le dos me rends malade. Donc, je m’en vais et de toutes façons, ça fait longtemps qu’avec ton cousin on se donne du bon temps pendant les vacances, quand tu pars à la pêche, alors, profite pour pêcher, nous on fugue ensemble à l’autre bout du monde »

     

    Ça se présentait bizarrement, mon anniversaire.

    Et je n’avais plus envie d’aller à la pêche. Alors j’ai d’abord lu, puis après je me suis mis à la photo. Et maintenant, je ne sais pas ce que je vais faire. Je suis à la retraite, j’ai tout mon temps, mais je n’ai pas d’idées, alors je m’ennuie

     

    Le crémier, un bon ami à qui je raconte tout, m’a donné une bonne idée : Pour mon anniversaire je vais m’acheter un chien, un gros chien. Il paraît qu’il faut s’en occuper tout le temps, qu’il vient te chercher quand il a envie de sortir et qu’il aime bien regarder la télé avec son maître.

    Lui et moi on fera une bonne équipe. Il paraît que ces gros chiens savent très bien ce qu’ils veulent, alors je lui ferais tous ces caprices. Ça va m’occuper.

     

    © Jorcas

     


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