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    Bon ! Je me suis dit : Pourquoi ne me mettrais-je pas à écrire tout d’un coup les mots tels qu’ils affleurent, de manière kilométrique, puisqu’il existe une bande affidée à cette méthode ?

    Comme les fameux cadavres, mais pas vraiment exquis et à moi tout seul.

     

    Et je commence par Bon ! C’est la clé d’entrée en matière, une sorte de code secret dans la bande en question, celle qui aligne les mots à la queue leu-leu en leur laissant le soin de prendre un sens et de le faire savoir.

     

    Ce n’est pas plus fatigant, même au contraire, car si le mal aux doigts est inévitable on peut passer à coté du mal aux méninges. C’est toujours ça de gagné.

     

    Et pas question de dire : Pour quoi faire ? Ça n’a pas de sens puisqu’il n’y a pas de motif particulier, de message enchevêtré  dans les phrases. Tout est gratuit.

     

    Et ça peut donner du pain à manger aussi bien aux démolisseurs des blogs, ces lieux de perversion égotique où se prélassent tant des désœuvrés névrosés qu’aux puristes de la langue et de la bonne tenue qui dénoncent sans cesse l’abus d’écriture.

     

    Donc, c’est une bonne action, une œuvre charitable que j’entreprends là, à cet instant.

    Voilà comment de ce tas quelque peu informe se dégage un fumet d’œuvre juste, comme l’ordre de la Dame, autoproduit, naturel, bio-littéraire, en quelque sorte, puisque aucun engrais artificiel et extérieur n’y a été ajouté.

     

    J’ai trouvé là peut être une recette pour assainir la littérature à deux sous, à faire les pages des journaux, sans en avoir l’air. Ce matin je suis en état de grâce : je l’offre sans frais à qui en voudra.

     

    Bon ! Je suis presque au terme de ma bouillie. Non que je me sois imposé au départ une limite quelconque. Peut être, sans le dire, un reste de prudence : Tu n’avais déjà pas foule de lecteurs, attention à ce que tu leur sers. Ils ne vont peut être pas rire de tes batifolages.

     

    Mais on aura passé un petit peu de temps ensemble. Sans maximes. Sans visions. Pour ainsi dire, à sec. Vous et moi, seuls, face à face dans cette ile au milieu de l’océan, comme il se doit. Vous pouvez vous défouler dans les commentaires, mais seulement avec des mots polis, doux, calibrés. Merci.

     

     


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    Un caprice

    Un moment d’oubli

    La vraie nature qui montre son nez

    Qui sait

    J’ai pris mon parti

    Et mon train

    Vers quelque nulle part

    Où les nuages volent haut

    Où le silence est brisé

    Par des chansons

    D’amours impossibles

    Hier j’étais triste

    Aujourd’hui je suis loin

    Et toute une vie devant moi

     

     


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  • Roy

     

    Il meurt de se voir dans ses yeux

    De devoir se dévoiler à lui-même

    Que peut faire sa cuirasse,

    Que peuvent faire ses mots

    De poète perdu dans l’indécis

    Au-delà le silence n’est qu’apparent

    La rumeur ne le concerne guère

    Le bal des cyniques

    Se poursuit dans la plus dense insouciance

    La ville maudite restera debout demain

     

     


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    J’ai une foule de cailloux, de toutes les couleurs, des mate et des brillants, des arrondis et des pointus. Tous d’une taille raisonnablement petite, heureusement.

    Ce n’est pas que je sois collectionneur, rien de tel. Le premier, quelqu’un de proche me l’a offert pour conjurer un reproche ancien qu’il avait à me faire.

    Voilà une mauvaise blague. Dire qu’il y a une vielle histoire qui coince, sans dire laquelle et pour la décoincer vous offrez un caillou qui reste en permanence devant les yeux du récipiendaire! Un peu sadique, comme truc. On a le reproche en douceur, sans savoir pourquoi mais face à face à longueur de la journée.

    Par la suite, des amis on trouvé ça drôle. On m’en a offert pour rire ; pour des reproches que d’aucuns avaient pêché dans leurs souvenirs sans importance ; pour mes anniversaires. Je me suis trouve avec le tas en question qui finit par s’étaler sur mon bureau, sur mes étagères, dans les poches, pour avoir un jouet à tourner dans les doigts. Une invasion.

    Les choses ont pris une tournure plus lourde en début de semaine, lorsqu’une petite boule moirée m’a glissé des mains et m’a crié de faire attention.

    Je l’ai ramassée et lui ai demandé de répéter.

    Fais attention, quand tu joues avec nous. On a beau être massifs, on peut se briser et tu aurais alors bonne mine avec notre fractionnement sur la conscience en plus de l’histoire ancienne.

    Parce que tu es au courant de cette histoire ancienne que j’ignore ? Mais c’est un comble. Ne me dis pas que lorsque vous vous ennuyez vous vous racontez vos états d’âme. Qui me concernent en plus !

    J’ai été chercher le carton des dernières chaussures que j’ai acheté. Des marrons bien larges, affreuses d’après mon amie, mais confortables. J’ai ouvert la boite en question et j’y ai rangé toutes les pierres, dans le désordre, sans me soucier de leur point de vue ni de savoir si les grandes écrasaient les petites. Hop, dans l’étagère la plus haute, sa décongestionne mon bureau, qui ne demande pas mieux !

    Et je me suis remis au travail dans cet horizon élargi avec un doux fond musical. Du Bach.

    Drôle d’enregistrement. C’était bien un des Brandebourgeois mais avec quelque chose d’inhabituel, comme un cœur éloigné. J’ai éteint la radio et alors, plus de Bach, mais une plainte comme un flamenco de la Semaine Sante. Une Saeta : Ay, Ay, Ay, Ay, Ay en continu. Ca venait de mon carton à chaussures.

    Vous avez fini avec vos pleurs ? Je ne peux pas travailler.

    Tu crois qu’on est bien ici, nous, les uns sur les autres ? Si tu nous laisses là, nous allons te combler de malédictions. Et tu verras, avec nos cœurs pétrifiés, cela peut aller loin !

     J’ai porté le carton dans mon garage et me suis remis au travail sans me laisser impressionner.

    A midi j’ai éteint l’ordinateur pour aller déjeuner. Premier incident, j’avais quelque chose dans une chaussure. Une pierre ? J’ai enlevé la chaussure, puis la chaussette : rien. J’ai regardé mon pied cherchant une coupure ou quelque chose de similaire : rien.

    J’ai remis ma chaussure et repris ma marche sans problèmes. Au bout de quelques pas, c’est l’autre pied qui me faisait mal.

    Même opération que tout à l’heure, sans plus de succès. Même résultat lorsque je me suis remis sur mes deux fondements.

    Est-ce possible que ces maudits cailloux me fassent des tours pareils ? C’est ma tête, qui me fait des blagues ? Une baisse rapide de sucre ?

    Je suis arrivé jusqu’au restaurant sans nouvelles difficultés et commandé mon menu. Salade et des cailles.

    J’allais appeler le serveur pour lui dire que sa salade était mal lavée lorsque j’ai compris : C’était comme pour les chaussures, mes cailloux qui m’en faisaient voir !  Le sable dans la salade, des larmes de caillou, sans doute et je suis sur que les cailles allaient être truffées de plombs de chasseurs qui n’ont jamais existé !

    Je suis revenu chez moi en faisant un détour par le magasin de bricolage pour acheter quelques sacs de ciment.

    Dans mon jardin, j’ai fait une belle statue, une tête de Piéta moins réussie que celle de Michel-Ange,  mais décorée de tous les cailloux que j’avais dans ma boite.

    Depuis, plus de Saeta ni des douleurs aux pieds. Mais le meilleur est que mes amis adorent. Maintenant, chaque fois qu’ils viennent me voir, ils passent de longs moments à caresser ma Piéta et tous me dissent que cela leur fait du bien, qu’ils se sentent légers, comme avec un poids en moins !

    Et moi donc !

     

    ©Jorcas

     

     


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    Assemblages

    Dans un monde disparate

    Sans sol, sans mer, sans ciel

    Sans nuages

    Pour accrocher le regard

    Pauvre marin que je suis

    Je ne sais naviguer sans étoile

    Sans repère

    Sans motif, sans espoir.

     

     


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